mercredi 29 avril 2015



Sud-Kivu

Il y a du feu dans le fauteuil de Marcellin Chishambo

C’est une situation d’intimidation politique que traverse à présent le gouverneur de province du Sud-Kivu, Marcellin Chishambo Ruhoya, visé pour l’instant par une motion de censure.
 
A travers cette motion déposée depuis plus d’une semaine sur la table du président de l’Assemblée provinciale Emile Baleke, les députés provinciaux reprochent au gouverneur Chishambo et son équipe, notamment ce qu’ils qualifient de mauvaise gestion.

La motion a été jugée recevable car elle porte les signatures de 21 députés sur les 36 qui constituent l’Assemblée et justement, ‘‘selon le règlement d’ordre intérieur (ROI), une motion de censure contre le gouvernement ne peut être recevable que si elle est signée par au moins 1/10 des membres de l’Assemblée provinciale’’, a précisé depuis Bukavu, une source proche de cette Assemblée.

Marcellin Chishambo est-il réellement un mis manager ;  en tout cas plusieurs sources estiment que la situation en cours dans cette province de l’Est de la République Démocratique du Congo n’a d’autre fondement que jalousie et convoitise.

‘‘C’est tout simplement ce qui explique la motion sur la table du président Baleke’’, a affirmé un habitant de Tshimpunda dans la commune de Kadutu avant de souligner l’apport important du gouverneur Chishambo dans la réhabilitation des routes et autres lieux publics de cette province.

Cet habitant qui s’est confié à Africa Connection a estimé que les députés provinciaux ne savent pas au juste ce qu’ils cherchent car, ‘‘ce qui étonne est que c’est le même Marcellin surnommé ici Chubaka, ce qui signifie le bâtisseur en Mashi, (langue locale) pour ses efforts dans la reconstruction de la province qui est maintenant visé par une motion de défiance.

Selon un autre habitant un peu comique contacté depuis le territoire de Kabare, ‘‘dans cette histoire il n’y a rien de mis management mais en tout cas, ce que certains députés reprochent au gouverneur c’est peut-être la signification de son nom de Chishambo qu’il a pourtant rencontré dans ce monde car il s’agit plutôt du nom de son père et tout membre de sa famille ne doit que l’accepter et le porter’’.

Depuis qu’ils ont déposé leur motion, les députés provinciaux ne sont pas du tout à l’aise face à plusieurs voix qui se lèvent dans les différents coins de la province et surtout dans les milieux des jeunes car, ces derniers pensent que ce n’est pas du tout le gouverneur et son équipe qui sont visés mais plutôt le développement du Sud-Kivu.

Parmi ceux-là qui ont manifesté leur mécontentement figurent les jeunes de Nyangezi qui, à travers un mémorandum déposé au poste d’encadrement ont interdit à tous les députés élus de ce coin de fouler son sol si la motion de défiance contre le gouvernement provincial n’est pas encore retirée.

Et Africa Connection de se demander dans tous les cas, qui intimide qui et au juste, qui doit décider du sort de qui si pas la population de qui émane le pouvoir dans un pays démocratique ! C’est sûr que les députés n’ont pas d’autre choix, sinon d’écouter la voix de la population qui leur a donné les voix ayant fait d’eux ce qu’ils sont devenus.

Tout cela intervient, rappelons-le, au moment où la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) reçoit pour traitement, depuis deux semaines, les candidatures relatives aux élections provinciales qui doivent avoir lieu le 25 octobre prochain, même si l’engouement dans ce sens n’est pas vraiment remarquable.

Mais en tout cas, il faut le dire, c’est avec hésitation et la peur d’un lendemain incertain que Marcellin Chishambo dirige ces jours la province dont il a pourtant juré de changer l’image et qui, selon plusieurs témoins, présente trop de clignotants dans ce sens.

‘‘Ce n’est pas du tout bon et c’est même malheureux ce qui se passe au Sud-Kivu’’ s’est exclamé un cadre originaire de Bukavu rencontré à Kinshasa avant d’expliquer que chaque fois qu’un bon citoyen essaie de faire du bien au Sud-Kivu, chaque fois qu’il se montre soucieux de cette province et qu’il met son intelligence en marche, on commence par le qualifier d’étranger (et pas n’importe lequel), celui qui aurait traversé la rivière et finalement on cherche comment le décourager, le coincer et finir par le renverser.

Des motions de défiance contre chacun des gouverneurs qui arrive à la tête du Sud-Kivu ne risqueraient-elles pas de rendre ingouvernable cette province ? Le feu qui décime le fauteuil dans lequel est assis Marcellin Chishambo n’est-il pas attisé par la simple politique de lève-toi je me mets ? voilà autant de questions sur plusieurs lèvres lorsqu’on recourt à la sagesse de l’histoire qui rappelle effectivement que c’est par de telles motions qu’ont été renversés Chibalonza Byateranya et Louis-Léonce Muderhwa, tous deux, anciens gouverneurs de cette province.

Jean Noel Ba-Mweze

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