jeudi 2 avril 2015



Les quatre vérités de l’Honorable John Kolela

C’est un député très ouvert et peut-être sincère et surtout courageux que Africa Connection a rencontré le tout premier jour du mois d’Avril 2015 au Palais du Peuple dans la Commune de Lingwala à Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo.

Cet élu de Likasi, apparemment jeune, est un membre de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), le parti de l’opposant historique du pays, Etienne Tshisekedi wa Mulumba ; John Kolela est un député qui n’hésite pas à affronter les problèmes en face et pour l’instant, il essaie de fournir des efforts pour vaincre la colère car c’est un Monsieur de nature colérique et c’est ça son défaut.

Pour John Kolela, le peuple d’abord et rien que pour le bien du peuple Congolais, ce député national qui estime qu’il continue de mériter la confiance de ses lecteurs s’est confié à votre journal à deux semaines du début du dépôt des candidatures pour les élections locales.



Le processus électoral 2015-2016 est en cours en République Démocratique du Congo et Africa Connection de vouloir savoir la position de cet élu de Likasi en rapport avec les élections que la commission Electorale Nationale Indépendante doit organiser.



John Kolela : Comme vous le savez, le processus de démocratisation de la République Démocratique du Congo exige qu’on puisse organiser les élections à la base, selon la nouvelle constitution en cours dans ce pays depuis février 2006.

Les élections locales que la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) veut se précipiter d’organiser aujourd’hui ont déjà souffert de l’inapplication depuis dix ans car, depuis 2006, elles n’ont jamais été programmées ni exécutées, tout simplement parce qu’on estimait qu’il n’y avait pas assez de moyens pour le faire.

A notre grande surprise, aujourd’hui, à quelques  mois de la fin du second mandat du chef de l’Etat, c’est à peine qu’on vient de mettre ces élections à l’ordre du jour ! il ne s’agit pas du tout des élections mais plutôt une façon pour la majorité présidentielle de se chercher des moyens pour avoir une justification pouvant permettre de prolonger le mandat du Président de la république. On veut utiliser le peu de moyens financiers que nous avons aujourd’hui pour essayer de justifier la non réalisation des élections présidentielle et législatives de 2016 par le manque des moyens.

C’est dans cette logique que nous en tant qu’élus de l’opposition avons en son temps déposé une contreproposition du calendrier général prévu par la CENI pour obtenir l’organisation des élections locales et provinciales au-delà de 2016. C’est pour éviter que l’élection qui a une date concise dans la Constitution ne puisse pas souffrir de l’application. Si la CENI fait ces jours l’élection locale, comprenez tout simplement que ce n’est pas du tout une élection parce qu’on ne peut pas faire 11 élections dans une période de 20 mois ; c.-à-d. qu’en moyenne, il faut au moins une élection chaque deux mois. 

Ça c’est un grand risque que la CENI est en train de prendre mais nous, nous estimons qu’il n’y aura pas d’élection locale avant la présidentielle de 2016 ; en tout cas c’est la logique et jusque-là nous attendons la réponse de CENI qu’elle n’a pas encore donnée.

Jean Noel Ba-Mweze : Une autre question Honorable John Kolela, vous êtes élu de Likasi ; pensez-vous que vous êtes en train de réaliser convenablement la mission vous confiée par votre électorat pour qu’elle vous renouvelle sa confiance le 27 novembre 2016 ?

John Kolela : Merci beaucoup. Je pense que je dois être honnête vis-à-vis de ceux-là qui peuvent nous lire à travers ce journal Africa Connection parce qu’avant d’être élu nous avons eu à faire une campagne.

Loin de moi, faire comme tous les autres candidats contrepoids qui promettaient la construction des routes et des ponts à leurs lecteurs, moi j’ai présenté mon plan et j’étais capable d’affronter les problèmes en face, là où la plupart de gens n’avaient pas le courage de le faire et ils choisissaient plutôt de reculer.

Ce que je fais c’est ce que j’ai promis et ma confiance de la population c’est par rapport au travail que je suis en train de faire. Je me rends régulièrement a la base pendant les vacances parlementaires, je suis en parfaite harmonie avec ma base et en tout cas je ne vois pas ce que j’ai tenu comme discours et que je n’ai pas réalisé ou bien le travail qu’un parlementaire devrait faire et que je n’ai pas fait.

De toutes les façons, c’est la population qui jugera. Si je suis médiocre qu’on me remplace par un autre, mais si on estime que j’ai fait correctement mon travail, pourquoi ne pas me plébisciter et me renouveler donc la confiance.
Mais en tout cas, jusque-là j’estime que j’ai fait mon travail de parlementaire normalement comme je le devrais.      

Jean Noel Ba-Mweze : Une question de curiosité Honorable Kolela, le gouvernement de cohésion nationale vient d’accomplir 100 jours depuis sa mise en place, quelle lecture pouvez-vous en faire ?

John Kolela : Mon analyse est simple. Je viens de me rendre compte une fois de plus que le Chef de l’Etat n’a pas encore trouvé les 15 personnes de confiance pour l’aider à relever la République Démocratique du Congo et Matata Ponyo, tout ce qu’il fait, ça ne change que dans les discours mais en pratique il n’y a rien qui change !

Vous pouvez bien vérifier dans tous les secteurs de la vie sociétale, que ça soit sur le plan sécuritaire, depuis que ce gouvernement a été mis en place rien n’a changé jusque-là. Sur le plan social, la situation au lieu de s’améliorer elle s’est empirée davantage. Un petit coup d’œil sur le plan économique permet de constater que la croissance macro-économique dont Matata Ponyo se vante ne reste que dans les discours car jusqu’aujourd’hui elle n’a pas de retombées.

Je pense que le gouvernement est dans une situation de léthargie à tel point que nous pensons qu’il faudrait continuer avec l’équipe précédente puisque aucun des ministres en place n’a fait signe de changement. Il n’y a pas une seule avancée dans un domaine de la vie sociétale qui peut nous redonner l’espoir de penser qu’au-delà de ces 100 jours il y aura encore une amélioration, mais en tout cas au contraire, tout ne fait que se détériorer.

A titre d’exemple, le ministre des sports qui vient de nous parler alors que la République Démocratique du Congo a renoncé à l’organisation de la coupe Africaine des moins de 23 ans. Selon lui, c’est pour des raisons liées aux élections que notre pays ne peut pas accueillir cette grand’ messe internationale ! C’est dire tout simplement que ce gouvernement n’a rien prévu et c’est pourquoi il doit virer l’argent affecté à l’organisation de la coupe continentale aux élections et cela sans avoir consulté l’Assemblée Nationale qui est pourtant l’autorité budgétaire.

C’est tout simplement une désorganisation dans laquelle le pays est plongé et justement, Matata Ponyo est en train de gouverner en tâtonnant et nous ne pouvons pas le lui permettre.

Jean Noel Ba-Mweze : A vous entendre parler on trouve en vous un homme courageux et peut-être sincère. Voudriez-vous nous fournir plus de détails sur vos qualités et défauts ?

John Kolela : C’est comme si vous le saviez déjà ; la plupart des gens reconnaissent en moi le courage, la possibilité d’affronter les problèmes en face et avoir le courage de prendre une opinion publique qui ne contredit pas ma conscience car, même si ça peut faire mal, ce que je pense je le dis ouvertement sans porter parfois de gants et c’est ce qui m’a fallu même mon élection ;  c’est à cause de ce courage que les électeurs ont vu en moi qu’ils ont estimé nécessaire de me propulser pour que je les représente et les défende devant l’Assemblée Nationale.

Quant à mes défauts, on me reproche toujours la colère. Je reconnais justement que je suis de nature colérique mais je fais au moins un effort pour m’en passer bien que je n’aie pas encore réussi jusque-là.

Propos recueillis par Jean Noel Ba-Mweze

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